projet de désorbitation de déchets spatiaux

Le 2 janvier 2019, SPACEFOX organisait un concours scientifique qui permettait à de jeunes entrepreneurs de profiter d’une aide de 3000 euros. Afin de les aider à financer leur projet scientifique en relation avec le domaine du spatial. En quelques jours, nous avions reçu pas moins d’une centaine de fabuleux projets, parmi lesquels, le travail de Clément Lingois et Anthony Dréano s’est distingué. Ce travail porte sur la désorbitation des débris spatiaux.

L’idée du projet de ces deux étudiants de l’ENSMA (École Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotechnique située à Poitiers) est de participer à l’effort nécessaire au nettoyage de l’Espace via la désorbitation des débris spatiaux autour de la Terre et devenir de véritables entrepreneurs via leur propre entreprise : Xinétis.

Leur ambition est la suivante :

  • À court terme : mettre à disposition des différentes organisations spatiales des structures de cubsat (petits satellites) dont la mission sera de capturer des débris spatiaux
  • À moyen terme : fournir à ces mêmes organisations spatiales tous les équipements qui seront présents dans les cubsats
  • À long terme : désorbiter des débris spatiaux allant de 1 à 10mm (ou les amener vers des orbites cimetières)

En effet, depuis 1957 et la mise en orbite de satellites comme le russe Spoutnik (спутник pour les intimes !) ou l’américain Telstar, le nombre de débris spatiaux n’a cessé d’augmenter. Ces débris sont directement liés aux activités spatiales humaines. Que ce soient de simples boulons, des étages complets de lanceurs, de diverses pièces métalliques issues d’explosions ou encore de petits éclats de peintures, de nombreux objets non opérationnels se retrouvent principalement en orbite basse ou géostationnaire autour de la terre et peuvent alors perturber les futures missions spatiales à la manière de ce qu’on a pu voir dans le film Gravity sorti en 2013.

L’enjeu est donc d’éviter le point de non-retour comme peut l’illustrer le syndrome de Kessler. Ce concept est un scénario prévu par Donald J. Kessler en 1978 (consultant à la NASA). Kessler développe l’idée selon laquelle le volume des débris spatiaux en orbite basse dû à la pollution spatiale atteint un seuil au-dessus duquel les objets en orbite sont fréquemment heurtés par des débris, et se brisent en plusieurs morceaux, augmentant du même coup et de façon exponentielle le nombre des débris et la probabilité des impacts. Au-delà d'un certain seuil, un tel scénario rendrait quasi impossibles l'exploration spatiale et même l'utilisation des satellites artificiels pour plusieurs générations.

Vidéo Syndrome Kessler :

A travers ce projet, Spacefox s’engage à financer une partie des tests qui serviront à évaluer la fiabilité de la structure des futurs cubsats.

Anthony DreanoClement Lingois

Interview de Clément Lingois :

SPCFX : Depuis combien de temps travaillez-vous sur le projet ?

Clément Lingois : Nous travaillons sur l’ensemble du projet depuis septembre 2018, toutefois nous avons changé d’objectif pour des raisons de faisabilité. En effet, nous avons été sélectionné pour le projet initialement appelé Clean Orbit. Celui-ci consistait en la réalisation d’un système de désorbitation des déchets spatiaux implanté dans des Cubesat. Toutefois la réalisation de ce projet était trop ambitieuse pour trois étudiants de 1re année, c’est pourquoi nous avons échelonné notre projet. Nous travaillons maintenant sur la conception de la structure extérieure d’un cubesat.

Qu’est-ce qu’un cubesat ?

C.L : Les cubesats sont des petits satellites standardisés et extrêmement réglementés dont le principe de base est la superposition de cubes de 10x10x10cm. Ainsi on nomme 1U une structure de 10x10x10cm, pour chaque cube qu’on empile on rajoute un « U ». Une structure 2U est donc l’association de deux 1U mis côte à côte.

Quelle est la genèse du projet ?

C.L : Début septembre 2018, lors d’un amphi de présentation dans notre école l’ISAE-ENSMA, deux personnes nous présentent PEPITE (ndlr : Pôle étudiant pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat). À la suite de cette présentation, avec Anthony, nous avons eu envie de nous lancer dans l’entrepreneuriat avec pour thème d’entreprise le spatial. Sur le projet de base, Clean Orbit, nous étions accompagnés d’une troisième personne, Yassine. Mais suite à notre volonté de changer les objectifs à court terme, il a préféré se retirer du projet. Cependant il nous a apporté une aide précieuse en réalisant de la bibliographie et d’autre tâches de recherche.

Quel est votre but ?

À court terme nous souhaitons réaliser la structure extérieure des cubesats. Cette partie avance très bien, car nous arrivons sur la phase du prototypage. Cette phase sera surement décalée de quelques mois à cause du virus apparu début 2020. Une fois la structure réalisée l’objectif va être de fabriquer tous les composants nécessaires à l’envoi de cubesats dans l’espace. Une bonne partie de ces derniers vont être des composants électroniques, soit un domaine que nous ne maîtrisons pas avec notre formation. Cela rend l’aventure encore plus excitante sur ce point. Pour finir, une fois les cubesats entièrement réalisés par nos soins, nous développerons le système de désorbitations des déchets spatiaux.

Enfin, pourquoi avoir donné le nom de Xinétis à votre entreprise ?

Xinétis est un dérivé de Métis, une déesse grecque de la ruse et de l'intelligence. Nous avons ajouté un X dans le nom afin de souligner que nous sommes une entreprise de technologie !

Pour en savoir plus leur site internet et disponible à cette adresse : Xinetis