Au printemps 2021, à l’occasion de la mission ALPHA, l’astronaute européen Thomas Pesquet va rejoindre l’ISS à bord du vaisseau Crew Dragon de SpaceX pour un séjour de 6 mois. Durant cette expédition, notre frenchie va amener plusieurs expériences avec lui. Parmi elles, il embarquera avec lui des « blobs ».
Le blob, qu’est-ce que c’est ?
Quatre blobs tiendront compagnie à Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale. Entre ses autres activités scientifiques (étude du sommeil, sport dans l’espace…), il mènera plusieurs expériences sur ce mystérieux organisme.
Cette créature n’est ni un animal, ni un champignon et ni une plante ! Mais qu’est-ce que c’est exactement ?
Le Physarum polycephalum, communément appelé « blob », est un organisme primitif unicellulaire. Il appartient à la vaste classe des myxomycètes comportant environ 10 000 espèces, longtemps considérées comme un champignon, à tort. Découverte en 1970, cette créature est âgée d’au moins 500 millions d’années. Elle est composée d’une unique cellule géante, dépourvue de cerveau et de système nerveux, mais capable de se déplacer, d’apprendre, et de transmettre. Le blob mesure à peine 10 micromètres au début de sa vie, il peut atteindre au-delà de 10 mètres carrés en laboratoire.
« Il vieillit comme tous les organismes, mais si on l’endort, même des années, il se réveille avec une nouvelle jeunesse ! », explique la spécialiste Audrey Dussutour, directrice de recherche CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale.
Sa vitesse de croisière est de 1 cm/h, il pourra atteindre les 4 cm/h quand il est affamé. Le blob se déplace en contractant et relâchant le liquide (cytoplasme, le liquide intracellulaire ) dans ses veines, car il n’a pas de membre moteur comme l’humain avec ses jambes. Toutes les minutes trente, le sens s’inverse, et c’est ainsi qu’il avance. Ses récepteurs réagissent à la présence de lumière ou de nourriture, ce qui lui indique la direction vers laquelle il doit se déplacer.
Si vous placez un blob à un point A et de la nourriture à un point B, vous pouvez être sûr que le blob trouvera le chemin le plus court parmi les milliers d’autres possibilités. Le mucus déposé sur son passage fait office de mémoire spatiale, comme un réseau électrique, ses bras constitués de mucus lui permettant de transmettre l’information. Le blob est un être social, il sait s’adapter, et transmettre l’information. Si vous placez le blob face à une barrière naturelle, comme le sel, il essaiera de passer, si c’est le seul chemin, il s’habituera, s’adaptera et finira par passer. Si le blob « expérimenté » rencontre un « novice », il lui transmettra directement l’information et le blob novice, une fois face à un obstacle comme le sel, saura comment l’affronter sans l’avoir affronté lui-même.
Lors d’une expérience à l’université d’Hokkaidō, les scientifiques ont placé un blob sur une carte du Japon, où la nourriture était disposée au niveau des grandes villes.
Le blob s’est alors étendu d’une manière aussi efficace que le véritable réseau ferré japonais, et même plus efficacement, car il reliait moins souvent les points déjà suffisamment desservis.
L’invité spécial de l’ISS.
Le comportement de cet organisme est-il différent dans l’espace ? Quels sont les effets de la micropesanteur et des rayonnements solaires sur son développement ?
C’est pour répondre à ses différentes questions que l’astronaute Thomas Pesquet va étudier l’évolution du blob dans les conditions spatiales à bord de l’ISS.
Selon Audrey Dussutour, en l’absence de gravité, nous pourrions observer le blob former des structures en 3D.
Afin de sensibiliser la jeunesse aux enjeux spatiaux, le service Éducation Jeunesse du CNES donne la possibilité à 2000 classes de reproduire l’expérience menée par Thomas Pesquet, afin de comparer les résultats obtenus dans l’espace, et ceux sur terre. (#EleveTonBlob)
le Blob sera livré à l’état de « sclérote », c’est-à-dire déshydraté. Il sera réhydraté dans la station et dans les classes. Régulièrement, les élèves pourront comparer grâce à des photos / vidéos leurs résultats à ceux de la Station Spatiale Internationale. Ils auront accès à un site internet et un groupe Facebook dédié, pour partager leurs résultats et les comparer, poser leurs questions, etc.
Découvrez comment s’occuper de son blob avec Audrey Dussutour :